• Le Clocher aux Corbeaux ...

     

    Et me voilà, à Pont-Croix, en un froid et gris après-midi de novembre, au pied du clocher aux corbeaux. Une très belle église d’ailleurs, toute de granit et de vitraux assemblés avec la perfection coutumière des bâtisseurs de ce temps révolu. Je ne ressens aucune gêne, aucune haine, aucune épée de Damoclès au pied de cet édifice dont la raison d’être, la croyance en un seul et unique Dieu, n’a jamais conquis mon âme tourmentée. Les corvidés, corbeaux freux, corneilles et choucas, sont omniprésents. A tous les coups, ils nichent dans les recoins sculptés du clocher. Ces animaux, bien qu’inoffensifs envers l’Homme, ont longtemps été pourchassés et exterminés par les pires dévots d’un christianisme qui, à l’époque, dominait la vie quotidienne et tous les actes par la peur et la menace. Et la peine capitale, bien souvent le bûcher, était la triste fin de celles et ceux qu’on appelait « sorcières », « invocateurs », « suppôts de Satan ».

     

    Le Clocher aux Corbeaux ...

     

    Autant je peux comprendre les humains croyants et pacifiques, autant je n’excuserai jamais les actes des prosélytes et des criminels. Et ce de chaque croyance, ou non-croyance, par ailleurs je ne supporte pas certains athées congénitaux qui décrédibilisent ceux qui croient en quelque chose par des paroles dont on se passerait, juste parce qu’ils sont strictement matérialistes et ne croient en rien d’autre que le matérialisme et sa superficialité destinée à donner le change en « faisant comme tout le monde ».

     

    Le Clocher aux Corbeaux ...

     

    Aujourd’hui encore, bien que cela s’estompe avec le temps, je repense à toutes ces choses que je n’ai évidemment pas fait. Des fragments de paroles accusatoires, dégradantes ou insultantes envers moi, me sont restés à l’esprit. Aussi dure à supporter soit-elle, cette épreuve sans égal dans ma jeune existence m’a fort bien appris que la « voie de la main gauche » n’est pas le bon chemin à suivre. Je n’ai rien fait de mal, rien d’autre que de boire des bières en pleine rue, et hélas, fréquenter les mauvaises personnes.

     

    La peine que j’ai éprouvé en apprenant que plusieurs de mes meilleurs amis dans le milieu Metal avaient bien profité de moi et m’avaient trahi, a rendu mon exil vers l’Ouest moins amer. Et quand bien même je ne travaille plus, j’ai réussi à reprendre un minimum acceptable de vie sociale. Quand les Dieux en décideront ainsi, c’est depuis les vertes collines de la Cornouaille que je partirai les rejoindre sur l’autre rive.

     

    Le Clocher aux Corbeaux ...

     

    Je ne ressens aucune rancœur, aucune détestation envers le catholicisme : mais j’estime qu’il doit évoluer, vers l’ouverture et le respect de l’autre, renoncer à la division et à la condamnation de la liberté de disposer de son corps et de vivre l’amour comme on le désire, et expurger les éléments haineux, passéistes, les plus rigoristes des fanatiques, de ses rangs. Il ne survivra pas par la haine que les hommes ont créé durant des siècles, par des interprétations délirantes dont les fantômes des victimes hurlent de damnation dans leur « enfer ».

     

    Le Clocher aux Corbeaux ...

     

     

    Il est plus que temps pour les institutions catholiques d’accepter la liberté de croire en ce que l’on veut, ou de ne pas croire tout en restant intègre et humain. Il faut que, nous aussi en tant que Païens, Wiccans, autres croyants en des entités que certains croient disparues à jamais, fassions le ménage dans nos rangs.

     

    Et croire en l’humain, la dignité de l’humain, la grandeur de l’humain, et sa force nécessaire pour construire un monde totalement différent, débarrassé de la course à l’apparat et au superficiel, reconnecté à la Terre, le berceau de l’Humanité. Préserver ce qui nous est le plus précieux : notre maison à tous, la Nature, mère de tout et de chacun. Si la Nature donne la vie, elle la reprend.

     

    Parfois, elle se venge, et nous laisse désespérés quant à un avenir sombre qui s’annonce hélas néo-malthusien – sans parler des inénarrables conspirationnistes, qui y voient des manœuvres pour dépeupler le Monde, mais qui y laissent la raison à défaut de pouvoir le prouver, bien sûr. Et, nous devons en avoir conscience, parce qu’on ne peut changer les choses en profondeur sans reconsidérer la soumission, autrefois prenant l’aspect de religion, maintenant apparaissant sous la forme d’une « norme » véritablement intenable et dépassée. Hélas, à ce que je constate quotidiennement, même ici « au bout du monde », ce n’est pas pour tout de suite. Alors la Terre fera le tri d’elle-même.

     

    Le Clocher aux Corbeaux ...

     

     

    - Krähvenn « Trollsson » Vargbroder


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